Une journée aux ports Fori et Nene de Kamsar

Article : Une journée aux ports Fori et Nene de Kamsar
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6 octobre 2021

Une journée aux ports Fori et Nene de Kamsar

C’était une belle journée, un matin dominical, un levé de soleil remarquable et remarqué. C’est ce jour juste, après trois jours de travail sans repos, que j’ai décidé d’aller à la découverte des deux ports Fori et Nene de Kamsar. On m’avait dit, qu’à l’origine c’était un petit village de pêcheur. Des amis m’avaient dit, que beaucoup y viennent à la ville cachée pour pêcher. J’avais aussi entendu, que beaucoup y vivent de cette activité et tant d’autres en lien avec l’eau qui entoure cette ville. Alors ce dimanche 5 septembre, j’ai décidé d’aller dès 8 heures pour assouvir ma soif de savoir. Heureusement, que beaucoup ne savaient pas ce qui se tramait à Conakry.

Il y en a deux de ports. Celui de Fori qui veut dire l’ancien et Nene, qui signifie le nouveau en langue Soussou. Et comme en Afrique on dit toujours faut respecter l’aîné, je décide de commencer par l’ancien.

Le port Fori

Crédit photo : Diarouga

Traversant les quartiers de la banlieue de là où j’ai dormi. Sur une moto, on passe vite le marché Sahara. Le marché Sahara, seule partie d’où j’ai constaté un embouteillage sommaire dû à la masse des engins. Désolé, j’ai le souvenir d’Enco 5, Bambeto et autres à Conakry, donc je ne me suis jamais frustré de cette lenteur. Ce que je trouve d’ailleurs normal pour une ville comme Kamsar. Quelques minutes en moto, nous passons les cités minières, nous voilà au port Fori.

Juste devant l’entrée, des baraques et, des tables sont posées sur lesquelles les femmes vendent des poissons sèches (Bongua). Je décide de commencer à discuter avec ceux qui sont dans l’eau.. Après quelques pas de marche, je vois des gars en train de vider des caisses remplies de poissons dans une pirogue. Sans doute qu’ils venaient de pêcher. J’aborde l’un d’entre eux pour m’expliquer en combien de jours ils ont gagné tous ces poissons. Pour savoir, combien de bénéfice, après avoir vendu tous ces poissons ?

Crédit photo : Diarouga

Alhassane Diallo, teint antillais, taille moyenne et d’une vingtaine d’année est mon interlocuteur. Il travaille comme déchargeur de poissons pour une société étrangère en charge du marché de ce port. Une société étrangère. Je me demande alors, en charge du port ? Abasourdi, je l’écoute continuer.

Alhassane Diallo, employé de la société Laggi Fan. Crédit photo : Diarouga

« Les pêcheurs qui sont souvent quatre ou cinq personnes, quand ils quittent ici c’est pour quatre jours avant de rentrer. Quand ils rentrent, on décaisse la pirogue pour amener les caisses de poissons à l’intérieur. Le patron pêche à son tour pour voir combien y’en a et il nous paye. Ce payement s’effectue par jour, parce que quotidiennement, au minimum, une pirogue rentre et une autre sort. », raconte-il en décaissant l’une des pirogues remplie de poissons qui venaient juste de rentrer.

Les Coréens ou je ne sais si ce sont des chinois qui sont les personnes en charge des marchés dans ce port, n’ont pas voulu que je les rencontre. Ce sont eux qui pêchent sans témoins et disent aux employés ce que ces derniers ont gagné.

Une société étrangère en charge du port

Je décide alors d’aller vers l’entreprise elle-même pour pouvoir recouper l’information, c’est silence radio. Beaucoup de questions creusent alors ma cervelle. Pourquoi une telle fermeté ? Traite-t-elle dignement ses employés ? Les poissons obtenus sont-ils vendus en Guinée ou exportés dans leurs pays respectifs ?

Un employé sous anonymat me souffle à l’oreille : « Seuls les poissons pourris restent ici pour être revendus aux femmes qui sont au dehors, tout le reste est exporté. La dernière personne à avoir parlé à un journaliste ici a été licencié. » ajoute-t-il en faisant un mouvement de sa tête à l’aide de sa main droite et de la casquette noire qu’il portait.

J’arrive finalement à rentrer pour parler avec le représentant des noirs dans la société Laggni Fan. Laggni Fan qui veut dire en français l’union ensemble pour les uns ou l’union fait la force pour les autres. Mais pas question de me répondre concernant l’entreprise. M. Mara Manet, m’explique la diminution de leur recette due aux tarissements de la mer : « Actuellement la pêche est un peu dure parce que la mer est détruite. Premièrement, parce qu’il y’a les bateaux qui naviguent. Et deuxièmement parce qu’il y a les filets en caoutchoucs qui détruisent trop la mer. Ce qui est préférable, c’est les filets en nylon.  »

Ce qui m’a marqué le plus dans ce port, c’est les conditions pénibles dans lesquelles travaillent les constructeurs de pirogues. Certainement pour la société. Assis sur des planches en bois, Naby Laye Camara et son groupe n’ont d’armes que les mains et quelques matériels artisanaux. Pour une simple petite pirogue, cela peut prendre une semaine de travail pour 3 millions de francs guinéen.

Avec les constructeurs de pirogues au port Fori de Kamsar. Crédit photo : Diarouga

Le port Nene

Quelques mètres après les nouvelles cités se trouvent Port Nene et ses affaires en plein envol.

Crédit photo : Diarouga

C’est ici le port, le vrai port de Kamsar. Des centaines de pirogues sont stationnées aux ailes du petit port. Ici, se trouvent un grand marché et toutes les couches sociales de la ville. Des jeunes et femmes venues pour acheter des poissons et d’autres pour en pêcher.

Le port Nene est un grand lieu d’embarcation pour les personnes en partance aux autres îles de Kamsar, et des personnes qui voyagent pour la Guinée-Bissau voisine. C’est aussi un endroit où vivent les gens dans une autre vie. S’entendre avec un interlocuteur est une véritable lutte si ce n’est qu’avec des casques, tellement de bruits qui fusent de partout.

Malheureusement, il faut faire gaffe, ils n’aiment pas beaucoup répondre aux questions. C’est vraiment le nom port Nene (Nouveau), car ici, on te demande si t’es journaliste ou blogueur quand ils te voient en train de prendre des photos. Tu risques gros. Alors méfiez-vous d’aller prendre des selfies avec vos Iphones là-bas, ils s’en moquent de la qualité, ils vont le jeter sans arrière-pensée. Pourquoi penser même de la qualité de ton téléphone, d’autant plus que les leurs sont loin d’avoir une pochette où est marquée une pomme.

De toute façon à Boké, on répond aux questions. Alors, rendez-vous pour le prochain billet au Musée Régional de Boké.

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