Kamsar, entre ville cachée et des inégalités

Article : Kamsar, entre ville cachée et des inégalités
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22 septembre 2021

Kamsar, entre ville cachée et des inégalités

Kamsar, ville du Nord-Ouest de Guinée, est une sous-préfecture de Boké. Elle est située à environ 3 heures et demie de Conakry. C’est aussi un centre industriel de la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG). Ce, en connexion ferroviaire avec le plateau du Sangarédi proche. Il faut le rappeler, Sangarédi qui est l’une des plus grandes réserves mondiales de Bauxite. C’est une sous-préfecture avec une population de plus de 360 000 habitants.

Dans ce voyage, je vais vous partager l’expérience de mes trois jours de séjours. Primo, en vous parlant de la ville cachée qu’est Kamsar. Deuzio, l’inégalité d’accès des services de base qui existent dans la ville. Et tertio, partager avec vous ce moment magnifique que j’ai vécu dans les deux ports de la ville. Deux lieux qui feront l’objet de mon prochain billet. Allez, c’est parti !

Ville cachée

A rentrer dans la ville en pleine journée, on se croirait à quelques sous-préfectures du pays très peuplés, mais toujours au statut rural. Kamsar n’en est pas une. Au bord de la route qui traverse la ville en passant par le grand marché Sahara jusqu’à la cité minière, presqu’aucune maison à deux ou trois dalles (étage). J’ai pensé être en face d’une population adepte de Jean Jacques Rousseau. Pour qui, dans son œuvre Le Contrat Social, s’il faut une démocratie dans un pays, six conditions sont impératives parmi lesquelles figure la limitation du luxe, car, explique l’auteur, le luxe est une conséquence inévitable, gangrène à la fois le riche et le pauvre. J’avoue qu’à ce niveau les citoyens sont plus ou moins égaux.

Pourtant, à sortir des quartiers de la banlieue comme Filima, Kassongoni, Kamakouloun, la ville est grandiose. Pourtant, à oublier les maisons bâties en dur depuis des années pour les cadres expatriés et locaux dont les tôles sont renforcées par des cailloux ou d’autres objets utilisés, la ville est somptueuse.

Une belle ville

La beauté de cette ville se note d’abord par sa géographie caractérisée par de multiples plaines. Cette faible présence de collines explique aussi la masse des bicyclettes dans le centre industriel. Les poteaux électriques aux bords de la route (œuvre de CBG) rendent la ville magique et lumineuse la nuit. La masse des stations coiffées par des superettes d’un contenu admirable rend la ville chic. La propreté, l’éclairage et le bitume dont bénéficient les moindres couloirs de la cité minière font rêver d’y naitre et grandir.

Pour confirmer cette beauté, je vous invite au Gazon d’où se trouvent le terrain de handball, basketball, volleyball, tennis et football. A vous de choisir lequel regarder selon ce qu’on m’a dit, la ville dispose des équipes dans toutes ces disciplines. Mais il n’y a pas que le sport qui attire, là-bas. A 18 heures, c’est le rendez-vous de tous les hommes et femmes venus marquer leur présence. Ce, avec tout le luxe que vous pouvez imaginer : voitures, looks…

Ville des inégalités

Si la ville est en grande partie occupée par la CBG, le commerce au grand marché de Sahara et le long de la banlieue est investi par des populations citadines et étrangères. Seulement, ils n’ont pas les mêmes privilèges ou ne bénéficient pas tous de l’ombre de l’industrie qu’à la ville. C’est évident, me dira-t-on avant tout, les uns travaillent pour des sociétés minières et les autres dans le secteur informel.

Si la minorité de la cité minière bénéficie de l’eau courante de 5 heures du matin à 7 heures pour revenir une heure le soir, la grande majorité reçoit cette denrée de base à tout moment. En banlieue, au contraire, dans les quartiers que j’ai sillonné (Filima et Kassongoni), ils s’approvisionnent aux puits.

Si la cité minière bénéficie de l’électricité toute la nuit et une partie de la journée quotidiennement, c’est le contraire en banlieue. Dans la banlieue, c’est un jour sur deux qu’ils peuvent voir leur ampoule allumée. Mais, faudrait-il encore s’interroger sur la qualité de cette électricité de la banlieue. Ce courant de 12 heures pour 48 heures ne sert presqu’à rien, vu la faible tension, pas un ventilateur ou une télévision ne s’allume. Recharger un téléphone à fortiori un PC reste une utopie. Moi-même, j’ai subi, car pour recharger mes appareils lors de mon séjour, il fallait me déplacer de la cité pour aller chez un ami.

La colère des femmes

Ce qui, 4 jours avant la chute du président Condé, a poussé les femmes de la banlieue à battre le pavé. Pendant 3 jours, elles ont rendu le train transportant la bauxite immobile, et ont investi toutes les routes de la ville. Rien ne fonctionnait. C’est le vendredi 3 septembre qu’elles ont suspendu la grève, suite aux gages donnés par les autorités sous-préfectorale, préfectorale et régionale, qui se sont toutes déplacées pour arranger le problème. C’est la dernière grève qu’a connu Alpha Condé sous sa présidence.

A cette inégalité, s’ajoute le non-respect par les entreprises minières de leurs engagements, conformément au Code minier en vigueur. L’emploie des fils ou proches des cadres de la cité minière au détriment des jeunes citadins de Kamsar demeure une autre préoccupation.

Rendez-vous la semaine prochaine. Pour un autre billet consacré aux ports de cette ville de Kamsar qui, à l’origine, n’était qu’un petit village de pêcheurs.

Auteur : Diarouga Aziz Balde

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