À ma mère, Fatoumata Binta Baldé !

Article : À ma mère, Fatoumata Binta Baldé !
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8 mars 2023

À ma mère, Fatoumata Binta Baldé !

Nous sommes, le 08 mars, c’est la journée internationale des femmes déclarée par les Nations Unies. La journée, dit-on, est célébrée pour mettre en avant la lutte pour les droits des femmes, la fin des inégalités par rapport aux hommes, et, c’est aussi, l’occasion de renforcer l’autonomisation des femmes. Ce dernier mot (autonomisation), est celui qui m’a tiqué de plus, pour faire ce portrait à chaud d’une dame, ma mère.
Fatoumata Binta Baldé. CF : Diarouga Aziz Balde

Pour le faire, j’aurais aimé avoir le vocabulaire dans la plume d’Alimou Sow pour te décrire. J’aurais voulu avoir la pertinence et l’esprit avisé des éditos de BoubacarSansoBarry pour illustrer ton courage et ta résilience. J’aurais rêvé emprunter, si c’est possible, la plume et les mots acerbes de Monenembo pour dénoncer tout ce que tu as vécu de difficiles. Navré, MAMAN, je vais aller avec ma plume de mi-journaliste, mi-blogueur pour t’écrire ces quelques lignes, j’espère que tu vas aimer. Mais, comment ?

Je sais, tu ne pourras les lire et comprendre comme je l’ambitionne, parce que tu n’as pas été alphabétisée à l’école française. Mais, je suis certain que tu vas essayer si tu les vois (ces lignes), parce que par ton esprit avisé, tu sais non seulement utiliser ton téléphone (enregistrer des noms et te connecter), mais également aidé tes enfants quand ils sont en difficulté à lire une syllabe dans un livre de Mamadou et Bineta (tu l’as fait avec moi et tu le fais avec mes sœurs). Je m’en orgueil, c’est vrai !

« Je sais, tu ne pourras les lire et comprendre comme je l’ambitionne, parce que tu n’as pas été alphabétisée à l’école française. »

Crédit photo : AMISOM pour Iwaria.

Fille d’un Imam, le Khalif de Senguelemma d’alors (Elhadj Amadou Diarouga Baldé), tu n’as pas eu cette chance d’intégrer l’école française. Cependant, tu as appris, Nênè. L’étude le plus important, c’est-à-dire la bonne éducation et le Coran (le chemin d’Allah et Mahomet PSL). Ce qui t’a même empêché d’entreprendre quoi que ce soit, toi qui as été dans les pays les plus émergents et où t’as vu les plus grandes atrocités du monde (les bons temps du Libéria et la Côte d’Ivoire et l’entrée des rebelles au pays de Samuel Doe).

Tu n’as pas voulu vendre, ni apprendre un métier, parce que ce qui te passionnait et qui te passionne de plus demeure la lecture perpétuelle du Coran et ta soumission à un beau et doux monsieur, ton mari, Abdoul Aziz Baldé, avec lequel tu t’es engagée, depuis 33 ans. Mais plus, la restitution de cette bonne éducation et du savoir d’Allah que tes parents t’ont légué à tes enfants. Hélas ! C’est la chose qui a été la plus grande anicroche pour toi, voir ton propre enfant dans tes mains.

« Dieu bienfaisant, on t’a marié très tôt, mais avec un aventurier tendre et doux »

De ta beauté juvénile de 14 ans, d’un visage ovale, des gros et beaux yeux, le tout dans un corps bien battu et un teint qui attire tous chez la Femme Peulh, tu étais une fille plébiscitée par tous les jeunes d’alors. Dieu bienfaisant, on t’a marié très tôt, mais avec un aventurier tendre et doux, depuis 1989. Pourtant, du haut de ton âge de 46 ans, tu n’as eu que trois enfants. Et le premier, le plus vilain de tes enfants (rire), Amadou Diarouga Baldé, n’est venu qu’après 10 ans de mariage, précisément un jeudi de bonté et de bonne lune du 15 juillet 1999.

Crédit photo : Emmanuel pour Iwaria.

Maman, je n’imagine combien de fois, cela a été difficile pour toi d’attendre 10 ans pour voir ton premier fils, dans une société où la période de grâce pour une mariée d’avoir un enfant ne dépasse pas deux ans, et où la cause de stérilité est rejetée sans aucune étude à la femme. Je n’imagine pas également les pressions que tu as subies de tes beaux-parents. Difficile, mais t’as été résiliente comme nous l’enseigne Allah à travers notre religion (tout ce qui t’arrive est ta destinée) et Dieu t’a gratifié de trois enfants aujourd’hui. Un garçon (moi) et deux filles, Fatoumata Lamarana Baldé (10 ans qui fait la 6e année) et Hadja Aminata (08 ans et qui fait la 4e au primaire). Dieu merci, tu l’as réussi parce que t’étais accompagné par un monsieur qui n’a de plus pas cédé aux menaces et pressions de ses amis, familles et d’une société sans analyses objectives, ton mari, Abdoul Aziz Baldé. C’est peut-être pour ça que je m’aime appeler Diarouga Aziz Baldé et non Diarouga Binta Baldé. Mais non !

Je signe tous mes papiers et autres par Diarouga Aziz Baldé, parce que j’ai été plus proche de lui, en termes de complicité, pas par proximité. Lui, on parle, c’est sans règle, toi, ce sont les principes. Lui, c’est ma liberté de me mouvoir, blagué, allé dans les boites de nuit et show, … dans un Boké et Télimélé où cela ne faisait défaut.

Toi, c’est le Coran, le cahier, et rentrer à la maison à 19 heures (garçon à maman, comme m’appelaient les filles et garçons qui voulaient qu’on blague et sorte ensemble jusqu’en classe de 9e année au collège). Bref, si papa est et restera mon premier ami. Toi, tu es et tu seras toujours mon premier repère et le visage de toute ma réussite, tant scolaires que professionnelles.

« Tu seras toujours mon premier repère et le visage de toute ma réussite. »

Crédit photo : Saitarg pour Iwaria.

C’est fini aujourd’hui, enfin presque, tes inquiétudes, tes ordres sur mon comportement et ma motivation d’étudier. Pour Fatoumata et Aminata, je ne m’inquiète, parce que si moi, j’étais brillant, mais plus amoureux des jeux d’enfants que les études, elles sont intelligentes et aiment beaucoup les études. Quant à moi, j’ai envie de dire merci nênè, ton Aladji (comme tu m’appelles en se remémorant de ton papa), blogue sur Mondoblog, écrit sur des sites d’informations en ligne, signes des éléments audiovisuels et la cerise sur le gâteau, aura son diplôme, c’est dans quelques mois, dans ce qu’il a toujours rêvé évolué, le Journalisme. J’espère te rendre la pareille très prochainement. Prendre en charge mes sœurs, exaucer toutes tes demandes pécuniaires et morales, etc., t’envoyer à la Mecque à mes frais. InchAllah Nênè

Diarouga Aziz Balde

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