Koba (Guinée) : chez tonton Conté

Article : Koba (Guinée) : chez  tonton Conté
Crédit: Crédit photo : Diarouga
3 novembre 2021

Koba (Guinée) : chez tonton Conté

Koba est une sous-préfecture de Boffa préfecture de la Guinée. Cette ville est située à l’ouest de la Guinée à quelques kilomètres de la route nationale N3. La meilleure route chez nous en effet. Après un long trajet de Boké à Boffa, arrivé à Tanéné je décide enfin de passer saluer une tante qui vit depuis des années à Koba. J’emprunte une voiture pour Koba vers 15 heures. 30 minutes plus tard j’étais à Kindiyadi chez ma tante paternelle. Pas trop de difficultés pendant le voyage. La route est bonne, c’est celle du village d’un ancien président avant tout. Je ne voulais pas y passer la nuit mais me rappelant qu’on était chez Conté, cela m’a convaincu de rester. Découvrir ce lieu, aller me recueillir sur la tombe de l’ancien président et envisager d’écrire un billet sont désormais devenus mes objectifs.

La Guinée est une famille

Ce terme « La Guinée est une famille », je l’ai toujours banalisé. Mais à Kindiyadi, ce village me l’a fait comprendre. Venu chez une tante qui elle-même a quitté Télimélé, j’ai trouvé beaucoup de personnes des autres préfectures dans ce milieu rural perdu. De là on trouve beaucoup d’autres nationalités aussi comme les sierra-léonais qui sont les plus nombreux, venus chercher la béatitude dans ce milieu enclavé. Oui, un milieu rural perdu. Perdu, car, aucune infrastructure de l’Etat ou autres sauf la mosquée. Les maisons alignées sur le long de la route allant vers le petit port, sont toutes, ou presque, construites par des bois et des tôles déjà usées.

Le village, malgré ce manque d’infrastructures, est très peuplé. Cela est dû, me dit-on, à une démographie galopante. Il est rare de trouver une fille de 14 à 18 ans sans au moins deux enfants. Et ce, mariage ou hors mariage (ce dernier est fréquent d’ailleurs). Entouré par la mer, le village de Kindiyadi ne vit que du port et de ses activités accessoires. Pêcher est une activité génératrice comme sécher les poissons. Etant dans un pays sous-développé, l’électricité est un luxe en milieu rural, et donc impossible de conserver des poissons. D’où la technique de sécher les poissons « Bonga » pour enfin les vendre pendant des semaines après. Cela étant dit, ce séchage continu à l’artisanat sur un mur montant qu’on appelle « banda ».

Banda. Crédit photo : Diarouga

Dans ce village, les citoyens de toutes les ethnies en général et Soussous, en particulier, vivent dans l’harmonie et l’entraide. Je peux en témoigner, presque rien n’est à acheter des produits locaux pour ceux qui vivent dans ce village. Encore moins le poisson qu’il soit séché ou frais. Ces poissons sont approvisionnés aux citoyens dès les décharges des personnes qui rentrent de la pêche chaque matin. Pour votre info, j’ai bien mangé ces deux jours et j’ai même emporté avec moi un carton de poisson à Conakry. Quel bonheur !

Un point important pour minimiser l’importation du riz en Guinée

Pour ceux qui se demandent encore pourquoi appelle-t-on Lansana Conté Président Paysan ? Et bien voici la réponse.

On peut dire tout de l’ancien président : inculte, non démocrate, non-éloquent et j’en passe. Mais Lansana Conté était vraiment le président paysan. Quelqu’un qui ambitionnait un pays développé par un outil indispensable qu’est l’agriculture.  Quelqu’un qui a montré aux hommes de chez lui que seul le travail paye. Malheureusement, aujourd’hui dans ses plus de 2 000 hectares aménagés, rien n’y reste. On pouvait atteindre l’autosuffisance alimentaire à travers de tels actes si la succession n’était pas une exclusion de tout ce qui a été fait avant.

Dans les champs de Koba. Crédit photo : Diarouga

Le riz étant l’aliment de base de la majorité des Guinéens, l’Etat peut se baser aujourd’hui sur ses immenses hectares aménagés pour la riziculture à Koba. Malheureusement, depuis la mort du président paysan Lansana Conté, les chinois qui cultivaient ont laissé la place aux habitants. Ces derniers n’ont pas les machines ni les hommes et femmes pour pouvoir occupés tous ses hectares aménagés. Encore moins le soutien de l’Etat. Aujourd’hui, un petit nombre pratique cette culture deux fois par an, ce qui était quatre fois à l’époque Conté me raconte deux filles cultivatrices rencontrées sur place.

Dans les champs de Koba, avec deux cultivatrices. Crédit photo : Diarouga

Et ce, pour seulement assouvir ses besoins, loin pour assouvir une autre ville. Ce qui aurait dû être la norme si l’Etat investissait sur ces hectares aménagés et vendre lui-même ce riz à couts bas aux populations. Dommage !

Chez Tonton Conté

La villa de Lansana Conté. Crédit photo : Diarouga

Boudant les hectares de champs qu’on ne peut tous visiter, je prends le chemin de Bouramaya chez l’ancien président. De là encore avant sa résidence au Lac Lansanaya, je contemple avec beaucoup d’advertance ces plantations tout au long de la route. La route est bonne, appuyée par le vent frais que respirent ces plantations et autres arbres qui tapent mon corps. Il fait vraiment bon vivre. Cela donne envie de continuer le voyage sur une moto.

Flanqué au fond de son village, Bouramaya est bordé par un lac, d’où le nom de sa grandiose villa, Lac Lansanya. La demeure est toujours sublime mais laissée pour compte depuis le décès de Lansana Conté. Présent ce jour, seul un enfant d’une dizaine d’année. Il est le petit-fils de l’ancien président me dit-il. Ici, c’est les herbes qui croissent le plus. Personne n’entretient. L’enfant m’informe que personne ne vit dans cette grandiose villa. Tous les autres membres de sa famille habitent dans les maisons aux alentours et pour ce jour, ils sont partis au champ. Nous faisons la visite de la villa avec cet enfant jusqu’au plein air du président. Son plein air ressemble du plus à une case placée au bord du Lac contenant des chaises et tables presqu’abîmées. C’est dans ce plein air où il s’asseyait du plus, me souffle le taxi-motard qui m’a déposé, a-t-il entendu aussi.

Aux alentours de cette grandiose villa, quelques maisons, une mosquée et une forme de case où se trouve sa tombe. Ma visite se termine par ce dernier lieu sur lequel je me suis recueilli sur la tombe du deuxième président de la Guinée.

Avec l’un des petits fils de l’ancien président à son plein air. Crédit photo : Diarouga

Ce qui reste le plus sur ce lieu est le silence, un silence presque absolu et la voix des oiseaux qui vivent maintenant dans la villa de Tonton Conté. 

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